L’avenir des calculateurs quantiques est entre les mains des startups

« L’avenir des calculateurs quantiques est entre les mains des startups » selon le physicien Alain Aspect

 

La situation

Après l’annonce le 21 janvier dernier par le Président de la République d’un « plan quantique » de 1,8 milliards d’euros, voici l’occasion d’imaginer à quoi pourrait ressembler cette révolution annoncée, et la façon dont les startups pourront y prendre part. Alain Aspect a d’abord rappelé qu’il y avait eu déjà plusieurs révolutions quantiques, la première étant naturellement la découverte des propriétés quantiques de la matière, au début du 20e siècle, avec les travaux de Max Planck dès 1900 et d’Albert Einstein en 1905. Pour mesurer son importance, le chercheur a rappelé « qu’elle avait tout simplement permis d’expliquer la stabilité de la matière. Selon les concepts du 19e siècle, elle aurait dû s’effondrer sur elle-même. La physique quantique a permis de comprendre pourquoi ce n’est pas le cas« . Mais si la physique quantique se trouve désormais à l’aube d’une nouvelle révolution, celle des applications, c’est grâce à la découverte dans les années 1930 d’une propriété fondamentale, l’intrication. Des systèmes quantiques intriqués ne peuvent plus se considérer individuellement. Quelque soit la distance qui les sépare, leurs états quantiques restent liés comme s’ils formaient un tout. L’autre progrès majeur consiste en la capacité désormais de manipuler les objets quantiques individuellement. Ainsi couplées, ces deux avancées permettent d’envisager plusieurs applications comme la communication quantique et la cryptographie, le calcul quantique et la métrologie.

Anticiper l’arrivée du quantique

Concernant le calcul, Alain Aspect souligne que « personne ne sait si l’ordinateur quantique idéal fonctionnera un jour. Par contre, il y a une percée formidable avec les simulateurs quantiques non idéaux (NISQ), qui permettent de faire des opérations quantiques, bien que les systèmes soient imparfaits.  » Sur le thème de l’ordinateur quantique, Pierre Barnabé renchérit « il y aura sans doute plusieurs types de machines, car le quantique ne résout pas tout. Les ordinateurs actuels, binaires, probabilistes, resteront plus efficaces que les ordinateurs quantiques sur certains algorithmes, tandis que d’autres nécessiteront l’accélération quantique. Nous allons sans doute vers une hybridation. Mais dans tous les cas, la stratégie d’Atos consiste à anticiper l’arrivée du quantique en créant un environnement adéquate, au niveau des langages, des algorithmes, qui permettra lorsque les machines seront disponibles, de les faire fonctionner. ».

Explorer toutes les pistes

Pour cela, l’entreprise a mis au point un langage, Atos Software Assembly Language, qui permet de coder des algorithmes quantiques, de les traiter par une machine classique, et d’obtenir un calcul quantique. « Les résultats obtenus par nos simulations sont très proches de ceux calculés avec des machines quantiques en laboratoire« , affirme Pierre Barnabé. Atos a mis en ligne sa Quantum learning machine. « Ainsi, tout le monde peut y accéder, faire ses algorithmes, ses calculs. Notre objectif est de former les étudiants, et d’entraîner les ingénieurs et les chercheurs à la technologie quantique ». En créant cet environnement, Atos espère aussi attirer des start-ups désirant prendre part à cette révolution, qui, selon Alain Aspect, ne se fera pas sans elles. « La mise au point des machines quantiques nécessite un écosystème où des petites startups, agiles, explorent des voies diverses, car aujourd’hui, personne ne sait quelle technologie quantique s’imposera. Nous sommes encore à l’époque où il faut envisager toutes les pistes.« 

Article source : L’avenir des calculateurs quantiques est entre les mains des startups
Publié sur Sciences et Avenir par Fabrice Nicot le 24 mars 2021

 

La startup française Alice & Bob veut fabriquer l’un des premiers ordinateurs quantiques du futur

La startup française Alice & Bob vient de lever trois millions d’euros pour travailler, avec des scientifiques de haut niveau, sur un ordinateur d’un nouveau genre.

On s’intéresse aujourd’hui à un sujet complexe mais prometteur : l’informatique quantique. Avec une startup française très pointue dans ce domaine, qui vient de réussir une levée de fonds pour mettre au point, un jour, un ordinateur quantique à la française.

franceinfo : tout d’abord, pourquoi votre société s’appelle-t-elle Alice & Bob ?

Théau Peronnin, co-fondateur d’Alice & Bob : C’est une référence à une blague de physicien. Dans les exercices de physique, on parle souvent d’un point A et d’un point B et pour les personnifier les physiciens ont l’habitude de nommer les points Alice et Bob. Ça a été beaucoup repris en cryptographie quantique.

Qu’est-ce que vous espérez apporter à cette informatique du futur ?

Il existe des prototypes d’ordinateurs quantiques, comme ceux qui mettent en ligne Google et IBM. Nous, nous travaillons à passer de l’étape du démonstrateur à celui d’ordinateurs quantiques qui répondent vraiment aux besoins industriels et qui serviront à concevoir les matériaux ou les médicaments de demain.

Vous venez de lever 3 millions d’euros et avec votre cofondateur, vous incarnez l’excellence à la française à travers vos formations à Normale Sup et Polytechnique, mais est-ce que ça suffit pour lutter contre les géants américains ?

Ce n’est pas une lutte. Je crois que ce qui est assez unique chez Alice & Bob, c’est avant tout d’être extrêmement bien accompagné. Nous sommes associés avec tous les acteurs académiques français du domaine, comme l’Inria, les Mines ParisTech, l’ENS Paris Lyon, le CEA, etc.

Ensemble, nous sommes en train de mettre sur pied un vaisseau amiral du quantique qui va explorer une solution technologique plus élégante et qui, potentiellement, permettrait de construire des machines bien plus performantes, parce qu’elles répondront au défi principal de l’ordinateur quantique qui est la lutte contre la décohérence.

En deux mots, la décohérence, c’est le fait que la superposition des états est perturbée, elle est très sensible au bruit et aux perturbations. Donc, arriver à construire une machine quantique, c’est arriver à construire une machine qui est parfaitement isolée du bruit et de la perte d’informations, pour être plus quantiquement correct.

« https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/quantique-la-start-up-francaise-alice-bob-defie-les-geants-americains-1205662

Alice & Bob est toute proche de révolutionner un marché estimé à 850 milliards de dollars

Cette jeune pousse française a mis au point une technique révolutionnaire pour limiter les erreurs de calcul quantique. En ce début d’année 2022, elle vient également de lever 27 millions d’euros, dont elle compte se servir pour étoffer ses effectifs et progresser vers la mise au point d’une machine capable de traiter des problèmes concrets. Les applications attendues de cette technologie pourrait bien révolutionner une multitude de secteurs économiques, de la médecine au bâtiment.

C’est un pas de géant pour Alice & Bob : la jeune pousse française spécialisée dans l’informatique quantique a réussi à concevoir le qubit supraconducteur le plus stable au monde. Cette avancée permet de multiplier par 100.000 le temps de vie des bits quantiques et constitue ainsi une avancée majeure vers la mise au point d’un ordinateur quantique susceptible d’avoir des retombées concrètes dans le monde réel.

Lire aussi : Alice & Bob veut faire la course en tête dans l’ordinateur quantique (Réservé aux abonnés)
Publié sur Les Échos le 10 mars 2022 par Adrien Lelièvre

Scalinx, la pépite qui donne à l’Europe sa souveraineté dans les puces de conversion du signal

La jeune pépite parisienne Scalinx développe ses propres puces de conversion du signal pour les radars de défense et la 5G, avec l’ambition de libérer l’Europe de sa dépendance pour ces composants clés vis-à-vis des fournisseurs américains.

Après avoir travaillé dans l’ombre de deux clients, l’un dans la défense, l’autre dans l’instrumentation-mesure, la société parisienne de puces de conversion du signal s’affiche au grand jour avec l’ambition de devenir le fournisseur européen de ces composants pour des applications critiques comme les radars ou les infrastructures de communication 5G et demain 6G. La dernière augmentation de capital inclut une subvention du gouvernement dans le cadre du plan France relance, dont le montant n’est pas révélé.

Le site de l’entreprise : Scalinx

Le français Kalray, futur Tesla des processeurs ?

Avec ses processeurs surpuissants dédiés aux data center, à la voiture autonome ou à la défense, le champion grenoblois veut s’imposer comme le leader mondial de l’intelligence embarquée, devant le géant californien Nvidia. Il vise 100 millions d’euros de chiffre d’affaires dans les trois ans.

Parmi les fondateurs de MLCommons, consortium lancé le 3 décembre pour soutenir le développement de l’IA et du machine learning, il y a évidemment les géants incontournables : Facebook, Google, Intel, Alibaba ou Nvidia. Mais au milieu de ces gros poissons, une pépite française a réussi à se faire une place : le champion grenoblois des semi-conducteurs Kalray. La présence de ce spin-of du CEA dans ce prestigieux casting ne doit rien au hasard. Après douze ans sous les radars à peaufiner ses processeurs, la société est devenue l’un des acteurs les plus prometteurs d’un secteur trusté par les groupes américains et asiatiques. « Nous voulons être une sorte de Tesla des processeurs, résume Eric Baissus, président du directoire du groupe. Chaque révolution technologique rebat les cartes du marché : Intel avait dominé le marché des processeurs de PC, Qualcomm celui des processeurs de smartphones. Nvidia celui du cloud. Nous voulons être le leader de la future rupture, l’intelligence embarquée, ou edge computing. »

A l’inverse du cloud, système centralisé de traitement des données, le « edge computing » consiste à amener la puissance de calcul là où sont créées les données, pour qu’elles y soient traitées localement et en temps réel : voiture autonome, missiles, antennes 5G… Pour ces environnements très exigeants, il faut des processeurs d’un type nouveau, capables de traiter de grands flux de données en temps réel, sans aucun droit à l’erreur. C’est là qu’intervient Kalray. Présenté en janvier dernier au CES de Las Vegas, Coolidge, sa dernière génération de processeurs, est capable d’effectuer 25.000 milliards d’opérations par seconde. De quoi faire tourner des IA ultra-performantes dans l’intelligence embarquée voitures autonomes, des équipements de santé, des drones ou des robots.

Le français Kalray se rêve en Nvidia européen

L’envol de Kalray

Douze ans après sa création à Grenoble par essaimage du CEA-Leti, Kalray a amorcé ses ventes en 2021 pour un chiffre d’affaires d’environ 1,5 million d’euros (+41% par rapport à 2020) ; un chiffre qui pourrait atteindre 100 millions d’euros en 2023. Kalray développe un processeur optimisé pour le traitement à la volée de grands lots de données dans le datacenter, la voiture à conduite assistée ou autonome, la 5G et l’industrie 4.0.

NXP s’associe avec Kalray pour sécuriser la conduite autonome

La plate-forme commune issue de la collaboration entre NXP et Kalray vise à combiner le portfolio de solutions sécurisées d’aide à la conduite (ADAS) du premier avec les processeurs massivement parallèles du second. Elle a pour finalité de répondre aux exigences de la conduite autonome en matière de performance et de sûreté de fonctionnement.

Lors du CES 2019 de Las Vegas, le groupe néerlandais de semi-conducteurs NXP et le concepteur français de microprocesseurs Kalray ont annoncé avoir conclu un partenariat ayant pour but de renforcer la sécurité de la conduite autonome. Dans le cadre de cette alliance, NXP apportera ses processeurs S32 pour les opérations les plus critiques répondant aux normes de sécurité ASIL-D et ASIL-B et ciblant également les fonctions de planification de trajectoire. Kalray quant à lui apportera la performance de ses puces multicoeurs MPAA (Massively Parallel Processor Array), pour gérer les traitements d’intelligence artificielle et la perception de l’environnement du véhicule. .

Le premier exemple de cette alliance se concrétisera par l’intégration des puces de Kalray dans la Bluebox de NXP, une plateforme de conduite autonome embarquée basée sur ARM. Cette solution, développée pour supporter les standards ouverts de l’industrie, a été conçue pour répondre aux principaux enjeux liés à la conduite autonome en termes d’énergie et de sécurité. Elle a pour vocation de fournir une réponse aux besoins à court terme des véhicules de niveaux 2 et 3, avant d’adresser prochainement les voitures sans chauffeur de niveaux 4 et 5.

Dernières nouvelles :

  • Processeurs intelligents : Kalray se rêve toujours en Nvidia européen et entame son changement de dimension
    Le fabricant néerlandais de puces NXP ne s’y était pas trompé lorsqu’il y a investi 9,95% au sein du capital de Kalray en 2020, aux côtés d’investisseurs historiques comme Safran, MBDA et l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.
    Publié sur La Tribune le 10 mai 2022 par Marie Lyan
  • Kalray dévoile pour la première fois son processeur COOLIDGE
    Quelques semaines seulement après avoir reçu les premiers échantillons, Kalray fera pour la première fois une démonstration publique de son processeur Coolidge™ au CES. Cette démonstration sera effectuée en collaboration avec NXP, l’un des leaders mondiaux du semiconducteur, dans le cadre d’une application d’intelligence artificielle.
    Publié sur Actusnews le 6 janvier 2020
  • Pourquoi le ministère des Armées investit dans la très prometteuse start-up Kalray
    Soutenue depuis 2010 par la Direction générale de l’armement (DGA), Kalray « figure parmi ces start-ups et PME françaises innovantes qui développent des technologies de rupture à la fois très prometteuses et stratégiques pour notre pays », a estimé le directeur général de Bpifrance, Nicolas Dufourcq, cité dans le communiqué commun de Kalray, ministère des Armées et Bpifrance. Dans l’entourage de la ministre des Armées, on confirme que Kalray a aujourd’hui un temps d’avance sur les technologies américaines et chinoises, notamment dans la miniaturisation des processeurs et la vitesse de calcul combinées à l’intelligence artificielle.
    Publié sur La tribune le 2 mai 2018 par Michel Cabiro
  • Kalray creuse son sillon dans les processeurs de nouvelle génération
    La société iséroise, spécialiste des processeurs pour le calcul haute performance et le traitement intensif des données, vient d’annoncer le tape-out (fin de la phase de conception) et le début du processus de fabrication de la nouvelle version de sa puce Coolidge. Cette Coolidge 2 offre des performances de calcul jusqu’à dix fois supérieures à son précédent modèle… sorti il n’y a pourtant que deux ans ! Preuve de la rapidité à laquelle évolue ce type de technologie, fidèle à la célèbre loi de Moore.
    Publié sur L’usine Digitale par Kévin Deniau le 7 juin 2023

 

La société Kalray signe « un contrat majeur » avec un leader américain de la high-tech

La société iséroise, Kalray, a annoncé, ce lundi 14 novembre, la signature d’un « contrat majeur avec un leader mondial de la high-tech ». L’entreprise située à Montbonnot-Saint-Martin n’a pas dévoilé le nom de son nouveau partenaire, mais celui-ci pèserait plus de 100 milliards de dollars.

Publié sur FR3 Rhône-Alpes

Le triplement des ventes chez Kalray au premier semestre conforte les objectifs annuels

L’entreprise iséroise, qui conçoit des puces ultra intelligentes, est bien positionnée pour profiter à plein de l’engouement pour l’intelligence artificielle qui a besoin d’un « cerveau » informatique puissant, capable d’analyser rapidement un très grand flot de données.

Publié sur Les Échos Investir le 17 juillet 2023

Kalray : Un consortium de 9 entreprises a créé l’AI Platform Alliance

L’AI Platform Alliance a été spécialement créée pour promouvoir une meilleure collaboration entre les acteurs fournissant des solutions matérielles pour l’IA. La création de cette nouvelle alliance intervient à un moment crucial. L’adoption rapide de l’intelligence artificielle a engendré une demande sans précédent en puissance de calcul, demande qui ne cessera de croître dans les années à venir, que cela soit sur le marché du Cloud, avec des applications comme les « Generative AI » ou encore sur le marché du Edge Computing.

Publié sur Boursier.com par Claude Leguilloux le 20 octobre 2023

Présentation de C12 Quantum Electronics

Combining scientific excellence with business know-how

La promesse : Des processeurs quantiques fiables pour résoudre les problèmes industriels les plus complexes grâce à une accélération exponentielle.

Fondée en janvier 2020 par Matthieu et Pierre Desjardins, Takis Kontos qui est directeur de recherche au CNRS, Matthieu Delbecq et Jérémie Viennot. C12 Quantum Electronics ambitionne de mettre au point une offre d’accélérateurs quantiques qui puissent s’intégrer dans des supercalculateurs classiques et de concevoir des processeurs spécifiques pour des usages précis.

Utilisation d’un nanotube de carbone

« L’industrie quantique cherche encore le ‘qubit idéal’ et il existe un large consensus dans la communauté scientifique sur le fait que des percées au niveau du matériau sont nécessaires pour construire un ordinateur quantique semi-conducteur », expliquent Matthieu et Pierre Desjardins, cofondateurs de C12 Quantum Electronics, dans un communiqué. C’est pourquoi, C12 Quantum Electronics a décidé de se tourner vers le nanotube de carbone, un matériau extrêmement pur qui doit permettre de réduire toutes les perturbations et les erreurs.

La start-up explique concevoir un qubit à partir d’un « nanotube de carbone ultra-pur suspendu au-dessus d’une puce de silicium contenant les électrodes de contrôle et le bus de communication quantique ». Ces nanotubes sont uniquement composés d’atomes de carbone d’isotope 12. « Les nanotubes de carbone seront au développement du calcul quantique ce que le silicium a été pour le calcul classique, car seuls des progrès continus au niveau des matériaux permettront l’émergence de cette nouvelle industrie », veulent croire les cofondateurs.

Une production française

Grâce à cette levée de fonds, C12 Quantum Electronics veut étoffer son équipe de développeurs et d’ingénieurs. Mais également mettre en place une chaîne de production pilote comprenant notamment un four de croissance de nanotubes de carbone, des dispositifs de nano-assemblage ou encore un équipement de mesures quantiques. À terme, la jeune pousse souhaite produire l’ensemble de ses puces quantiques sur le territoire français et permettre des innovations au niveau des transports, de la logistique ou même de la santé.

A consulté également :
Les nanotubes de carbone de C12 Quantum Electronics publié par Olivier Eratty

Les start-up quantiques françaises passent à la phase commerciale

La technologie quantique est portée par un nombre croissant de jeunes pousses qui commencent à vendre leur produit et à éveiller l’attention des investisseurs.

Les prémisses

Encore balbutiant il y a quelques années, l’écosystème français de l’informatique quantique affiche aujourd’hui un puissant dynamisme. En mars 2022, la jeune pousse Alice & Bob a fait un bon buzz en revendiquant le bit quantique (ou qubit) supraconducteur le plus stable au monde, et en annonçant du même coup une levée de 27 millions d’euros. En début d’année, Pasqal rachetait le hollandais Qu&Co, et plus récemment, Quandela mettait en service un connecteur pour manipuler des qubits sur des processeurs photoniques, une première mondiale. Sans compter les tous premiers produits mis sur le marché.

Autant d’annonces qui démontrent la vitalité du secteur.

« Lorsque nous avons créé Quandela, en 2017, nous étions l’une des premières start-ups du quantique en France. Depuis, absolument tout a changé. Il y a de plus en plus d’entreprises qui se lancent, et depuis le Covid, l’idée de faire du hardware, de mettre en place ses propres ateliers d’assemblage en France, trouve un accueil beaucoup plus favorable auprès des investisseurs. L’autre nouveauté est que les grands groupes sont prêts à investir pour se former à cette technologie et développer des usages », constate Valérian Giesz, cofondateur et directeur général de Quandela. Un acteur qui a levé 15 millions d’euros en 2021, et souhaite construire son serveur quantique en France d’ici 2023.

L’ENS, l’INRIA et le CNRS à la manœuvre

Si nous assistons aujourd’hui à l’éclosion soudaine d’un écosystème quantique, celui-ci est le fruit d’un lent processus de maturation, issu de nombreuses années de recherche en laboratoire. « La technologie de source de photons uniques, sur laquelle nous nous appuyons pour construire notre machine, a été développée pendant vingt ans au CNRS », précise Valérian Giesz.

« Le quantique est un écosystème deep tech, avec une forte intensité capitalistique et des cycles extrêmement longs, qui s’appuie sur le monde de la recherche fondamentale »

Lorsque l’on échange avec ces dirigeant de jeunes pousses, c’est la même histoire qui revient : les fondateurs se sont rencontrés dans un laboratoire de recherche, et ont ensuite décidé de créer leur activité. Avant de cofonder C12 avec son frère jumeau Pierre, Matthieu Desjardins faisait partie du groupe de recherche de Takis Kontos au sein du laboratoire de physique de l’Ecole normale supérieure. Un laboratoire qui travaillait entre autres sur l’usage des nanotubes de carbone au service de l’électronique quantique. « Après des résultats prometteurs, Matthieu Desjardins a décidé de créer sa start-up. Trois membres du groupe de recherche sont également devenus conseillers scientifiques de l’entreprise », raconte Juliette Ginies, directrice du personnel de C12. Après avoir levé 10 millions de dollars en juin 2021, la société, qui utilise les nanotubes de carbone pour réduire les erreurs des qubits, compte réaliser une série A pour nourrir sa croissance.

Avec pour objectif de développer des logiciels de cryptographie post-quantique, Cryptonext Security est une spin-off de l’INRIA, du CNRS et de Sorbonne Université, également issue de vingt ans de recherche scientifique. Son ambition ? Préparer le jour où les ordinateurs quantiques rendront les techniques de chiffrement actuelles obsolètes.

Un fonds d’investissement dédié

Si elles ont pour elles l’excellence scientifique, ces compagnies ont également besoin de fonds pour développer le hardware qui viendra servir de support à leurs idées. Or, là encore, le paysage s’est transformé au cours des cinq dernières années, avec la mise en place d’un écosystème d’investisseurs. Le fonds d’investissement Quantonation, adossé à Audacia, a été lancé en 2018, avec pour objectif de soutenir les start-up du quantique. Depuis sa création, le fonds a investi dans une vingtaine de sociétés réparties dans le monde entier, dont les français Pasqal et Quandela, avec des tickets se situant entre quelques dizaines de milliers et plusieurs millions d’euros. Un deuxième fonds, dédié aux structures à forte croissance, va être lancé en septembre, avec pour objectif d’investir entre 10 et 50 millions d’euros dans chaque entreprise ciblée.

« Nous avons déjà des applications directes dans la finance pour évaluer les modèles financiers ou améliorer les scores de solvabilité »

Autre acteur financier dans la boucle : la BPI.  « Le quantique est un écosystème deep tech, avec une forte intensité capitalistique et des cycles extrêmement longs, qui s’appuie sur le monde de la recherche fondamentale pour amorcer sa transition vers des applications commerciales. Le rôle de BPI France est de rendre possible et d’accélérer cette transition », explique Adrien Muller, directeur de participation chez BPI France. Avec pour ambition de créer un simulateur quantique à destination des industriels, C12 fait partie des jeunes pousses dans lesquelles Bpifrance a investi. « La BPI est entrée dans notre capital dès la phase d’amorçage, et nous avons pu depuis profiter de leur accompagnement, notamment sur le plan de la communication et du marketing », résume Juliette Ginies.

Le soutien des pouvoirs publics s’exprime également sous la forme du plan quantique, un programme d’investissement de 1,8 milliard d’euros lancé par Emmanuel Macron en janvier 2021. « C’est un énorme signal pour tout le secteur », affirme Jean-Gabriel Boinot, principal chez Quantonation. « Il faut toutefois que cet argent parte dans les laboratoires pour financer des projets risqués, et ne se substitue pas aux fonds qui auraient de toute façon été investis par les grandes entreprises. »

Des applications qui génèrent déjà de l’argent

Investir dans le quantique est un pari à la fois risqué et de long terme, la technologie nécessitant de gros investissements et n’étant pas encore à maturité. Toutefois, des applications monétisables conçues en France commencent déjà à apparaître. « Pasqal parvient déjà à utiliser des matrices d’atomes neutres pour résoudre des problèmes complexes de graphs. Ce qui permet de trouver des optimums locaux, avec des applications directes dans la finance pour évaluer les modèles financiers ou améliorer les scores de solvabilité », argue Jean-Gabriel Boinot. La société collabore également avec BASF, une entreprise de chimie allemande, pour améliorer la précision de leurs simulations climatiques.

Chez Quandela, l’informatique quantique trouve ses premiers usages dans l’ingénierie et l’industrie. « Nous accompagnons EDF dans la modélisation des systèmes physiques, notamment en matière de structure mécanique, électromagnétique ou thermique », détaille Valérian Gies. « Nous collaborons aussi avec l’Onera, qui consacre beaucoup de temps de calcul pour modéliser l’intérieur des champs de combustion pour les propulseurs des fusées. L’objectif est d’étudier comment l’ordinateur quantique peut aider à améliorer la précision de ces calculs. »

Quant à la cryptographie post-quantique, elle intéresse dès aujourd’hui de nombreux grands groupes. « L’objectif est de proposer une solution avant qu’un ordinateur quantique suffisamment puissant n’émerge et mette en péril les systèmes de chiffrement traditionnel », souligne Florent Grosmaitre, CEO de Cryptonext. « Nous disposons d’une solution déjà prête qui repose sur un ensemble d’outils logiciels de cryptographie post-quantique. Il permet aux organisations de migrer leurs infrastructures vers des solutions hybrides résistantes au quantique. Nos solutions sont déjà déployées dans le cadre de projets pilotes dans les secteurs de la défense et des banques, à la fois en Europe et aux Etats-Unis. » On comprend aisément que le sujet soit stratégique pour ces acteurs.

Article source : Les start-up quantiques françaises passent à la phase commerciale
Publié sur Le Journal du Net par Guillaume Renouard le 23 septembre 2022

Quobly, start-up dédiée au calcul quantique

Quobly (ex SiQuance), start-up issue du CEA et du CNRS, est lancée le 29 novembre 2022 à Grenoble. Cofondée et dirigée par Maud Vinet, Siquance a pour objectif de développer et de commercialiser à terme un ordinateur quantique sur la base des technologies de la microélectronique et en exploitant les capacités des producteurs de semi-conducteurs européens. Quobly souhaite être aux avant-postes de la souveraineté française et européenne dans le domaine du calcul quantique.

L’ambition

Quobly a l’ambition de devenir un leader technologique mondial dans le domaine du calcul quantique. Cette entreprise fabless entend développer et commercialiser à terme, un ordinateur quantique à base silicium, c’est à dire à partir des mêmes technologies que celles des circuits intégrés standards. La rupture technologique principale repose sur la transformation d’un transistor, unité de base du calcul classique, en un bit quantique, unité de base du calcul quantique. Assemblés, ces bits quantiques formeront un nouveau type de calculateur, capable de résoudre de nombreux problèmes aujourd’hui inaccessibles aux ordinateurs classiques.

Cette technologie à base de semi-conducteur est l’approche qui semble la plus rapidement industrialisable à grande échelle. Quobly s’appuie sur les capacités de production existantes, particulièrement les usines de semi-conducteurs françaises et européennes.

Le calcul quantique devrait permettre de résoudre des équations complexes, actuellement hors de portée des ordinateurs conventionnels. Celui-ci adresse une variété de secteurs industriels stratégiques et/ou de pointe : santé, ingénierie, météorologie, finance, etc.. Disruptif, il offre une opportunité à l’Europe de rétablir l’équilibre des forces avec les États-Unis et l’Asie dans le domaine du numérique.

La suite sur : Lancement de Siquance, start-up dédiée au calcul quantique

Autres articles :

Qubit Pharmaceuticals découvre des médicaments grâce au quantique

Les prémisses

Fondée en 2020 par cinq chercheurs venus d’institutions académiques en France et aux Etats-Unis (Louis Lagardère, Matthieu Montes, Jean-Philip Piquemal, Jay Ponder et Pengyu Ren), Qubit Pharmaceuticals est une deeptech spécialisée dans la simulation et la modélisation moléculaire grâce à l’utilisation de la physique quantique. Ses logiciels tournent sur des supercalculaters informatiques pour modéliser des effets quantiques à l’échelle microscopique et ainsi concevoir de nouveaux médicaments.

Qubit Pharmaceuticals brings unparalleled accuracy and precision to drug discovery and design, using quantum physics to develop life-changing treatments for major diseases.

Qubit Pharmaceuticals apporte une exactitude et une précision inégalées à la découverte et à la conception de médicaments, en utilisant la physique quantique pour mettre au point des traitements qui changent la vie pour les principales maladies.

Cette startup s’est alliée avec de grands acteurs technologiques comme Nvida pour la création d’une plateforme de calcul désignée comme “la plus puissante au monde pour accélérer la découverte de médicaments”. Qubit a également remporté en décembre dernier, avec le Laboratoire de Chimie Théorique (Sorbonne-Université/CNRS), le HPC Innovation Excellence Award pour un programme de recherche contre le Covid.

Depuis le site de Qubit Pharmaceuticals

No target is undruggable

Our proprietary technologies, the fruit of over 30 years of research, make it possible to develop novel drug candidates and innovative modes of action against targets previously considered too complex.

Aucune cible n’est indétrônable

Nos technologies propriétaires, fruits de plus de 30 ans de recherche, permettent de développer de nouveaux candidats médicaments et des modes d’action innovants contre des cibles jusqu’alors considérées comme trop complexes.

Se rendre sur le site de l’entreprise : Qubit Pharmaceuticals

Spin-Ion Technologies développe une puce innovante inspirée du cerveau

La start-up Spin-ion Technologies se concentre sur le développement d’une puce neuromorphique basée sur des mémoires magnétiques non volatiles (MRAM), soutenue par l’Agence exécutive pour le Conseil européen de l’innovation et les petites et moyennes entreprises (EISMEA).

 

A better world, atom by atom

At Spin-Ion Technologies we develop a new manufacturing solution based on ion beam processes to precisely engineer magnetic materials at the atomic scale. This enables the improvement of the performance of spintronic technologies including magnetic memories, sensors, and neuromorphic computing devices for edge AI applications.

Chez Spin-Ion Technologies, nous développons une nouvelle solution de fabrication basée sur des processus de faisceaux d’ions pour concevoir avec précision des matériaux magnétiques à l’échelle atomique. Cela permet d’améliorer les performances des technologies spintroniques, notamment les mémoires magnétiques, les capteurs et les dispositifs informatiques neuromorphiques pour les applications d’intelligence artificielle de pointe.

Notre soluition

Une nouvelle invention de rupture

Outre sa mémoire MRAM, la jeune pousse mise beaucoup sur sa puce neuromorphique pour des applications spécifiques à l’IA. Cette puce novatrice s’inspire directement du fonctionnement du cerveau humain en permettant de stocker et de traiter les données  à basse énergie et avec un temps de latence moindre par rapport aux puces actuelles. « Pour cette deuxième invention, le développement de l’architecture neuromorphique s’effectuera avec des mémoires MRAM », précise un dirigeant, tout en ajoutant que « Notre puce neuromorphique dispose de deux grands avantages. Le premier est qu’elle a une très faible consommation électrique, réduisant ainsi l’impact environnemental du numérique. Le second est que notre technologie a la capacité d’apprendre plusieurs tâches sans les oublier, caractéristique de  l’apprentissage en continu ».

Résultats ? Ce type de puce peut être intégré à toutes les applications embarquées (edge computing) utilisant l’internet des objets (montres connectées, écouteurs etc…). Elle est également utilisable pour des applications médicales, robotiques et dans les usines intelligentes (usines 5.0). « Notre technologie a été validée par l’Union Européenne, qui nous a accordé un financement de 2,5 millions d’euros sur une période de 30 mois. Notre objectif est de développer un démonstrateur alliant hardware et software, capable d’apprendre en continu. Nous souhaitons parvenir à une version Beta en 2024 et à une version finale début 2025. D’ailleurs, nous y travaillons déjà avec des industriels », complète Dafiné Ravelosona, qui est également chercheur en physique ainsi que l’inventeur de la technologie .