Regardons ce qui ce passe en France

 

Stratégie quantique : lancement d’une plateforme nationale de calcul quantique

 

Le Gouvernement a annoncé le 4 janvier 2021 le lancement d’une plateforme nationale de calcul quantique.

Cette annonce s’inscrit pleinement dans la stratégie nationale sur les technologies quantiques, lancée par le Président de la République le 21 janvier 2021 et définissant le quantique comme un enjeu majeur pour la souveraineté et la supériorité stratégiques de la France.

L’annonce

Le calcul quantique s’appuie sur des propriétés de la matière qui n’existent qu’à l’échelle de l’infiniment petit. A pleine maturité, il permettrait d’effectuer certains calculs jusqu’à 1 milliard de fois plus vite qu’une technologie de calcul classique, y compris avec les technologies de supercalculateurs actuels, ce qui ouvre la voie à la résolution d’une série de problèmes actuellement non solubles dans un temps humain.

Dans les deux prochaines décennies, le quantique pourrait enclencher des révolutions technologiques et des avancées majeures dans de nombreux secteurs d’importance vitale, tant dans le domaine civil que militaire, par exemple pour l’observation de la Terre et l’anticipation des catastrophes naturelles ; pour la modélisation d’un agent infectieux et de remèdes médicaux adaptés ; pour une meilleure compréhension de la photosynthèse afin de mieux capturer l’énergie solaire et capter le CO2 atmosphérique.

Dotée d’un premier investissement de 70 M€ de PIA pour un objectif total de 170 M€, cette plateforme de calcul hybride interconnectera systèmes classiques et ordinateurs quantiques. Ces moyens seront mis à disposition d’une communauté internationale regroupant des laboratoires, des startups et des industriels.

L’objectif est de faciliter leur accès aux capacités de calcul quantique, afin qu’ils puissent identifier, développer et tester de nouveaux cas d’usages. Soutenue par l’INRIA, la plateforme sera hébergée au Très Grand Centre de Calcul implanté au CEA DAM (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies renouvelables).

Le lancement de cette plateforme hybride de calcul est une étape clé pour la France dans la consolidation d’un écosystème quantique et l’exploitation de ses atouts dans le domaine.

Source : Stratégie quantique : lancement d’une plateforme nationale de calcul quantique
Publié sur le site de Ministère de l’Économie et des Finances le 6 janvier 2022

Lire aussi :

 

Paris et Saclay deviennent des places fortes de la recherche quantique

Peu à peu, la France rattrape son retard et constitue en Ile-de-France son propre écosystème quantique, une recette éprouvée depuis déjà quatre ou cinq ans à l’étranger. La région multiplie les appels à projets attirant de plus en plus de start-up étrangères.

Présentation

A Saclay, comme à Paris ou à Grenoble , les chercheurs et les jeunes pousses du quantique ont le sourire. Huit mois après le lancement du plan national, destiné à faire passer la filière quantique de la recherche à l’industrialisation moyennant 1,8 milliard d’investissement, Frédérique Vidal passe aux travaux pratiques. La ministre de la Recherche a annoncé fin septembre une première enveloppe de 150 millions d’euros dédiée au programme d’équipement géré par le CEA, CNRS, et l’Inria (Institut national de recherche en Informatique et en Automatique).

Les laboratoires de Paris et Saclay seront en première ligne dans le déploiement de ce plan, dont les deux projets phares sont l’ordinateur quantique au silicium et le Très Grand Centre de calcul du CEA de Bruyères-le-Châtel (Essonne) qui hébergera dès 2023, un ordinateur hybride de 100 qubits. « 80 % de la recherche quantique française se déroule entre Paris, Saclay et Grenoble », rappelle Alexandra Dublanche, vice-présidente de la région Ile-de-France chargée du développement économique.

Selon une récente étude de l’Institut Paris Région, la filière francilienne est en pleine ascension : elle compte 112 équipes de recherche, 850 chercheurs publics et 22 start-up, ce qui la place en quatrième position mondiale en matière de création et d’accueil de start-up quantiques, après les Etats-Unis, le Canada et le Royaume-Uni. Tous les ingrédients étaient réunis pour faire de Saclay et Paris des places fortes du quantique. « Les grands groupes ont leur siège en Ile-de-France et leurs laboratoires de recherche à proximité, les écoles sont à Saclay et les compétences en mathématiques, cryptographie, cybersécurité, ultra-froid ou en optique laser y sont reconnues comme excellentes », égrène l’économiste Thierry Petit, auteur de l’étude de l’Institut Paris Région.

Coup de pouce

Fin 2018, la création de Quantonation, unfonds d’amorçage privé, créé par Charles Beigbeder pour soutenir les jeunes entreprises spécialisées dans les technologies quantiques a donné un coup de pouce décisif. D’Alice & Bob en passant par Pasqal ou Quandela, les jeunes pousses gravitent non loin des laboratoires, dont elles sont souvent l’émanation.

La création de cet « écosystème », sur lequel la France affichait jusqu’ici un certain retard vis-à-vis de l’étranger, est couvée avec attention par le Conseil régional d’Ile-de-France, qui a lancé plusieurs appels à manifestation d’intérêt. ​En 2020, la région a mis sur la table un « PAck Quantique » (PAQ) de 3 millions d’euros pour créer des synergies entre les grands groupes industriels (Total Energies, EDF) et les start-up ( Pasqal , Qubit Pharmaceuticals), à travers trois « cas d’usage ».

L’article complet : Paris et Saclay deviennent des places fortes de la recherche quantique
Publié sur Les Échos le 18 octobre 2021 par Lamia Barbot et Laurence Albert

Cryptographie post-quantique  : le défi technologique français

Je me permet de reproduire cette tribune : Cryptographie post-quantique  : le défi technologique français

Le Président de la République l’a annoncé lors de son discours du 21 janvier 2021 à Saclay : la révolution quantique est en marche. En faisant le choix d’investir près de deux milliards d’euros dans le domaine quantique pour accompagner la transformation de l’industrie française, le gouvernement a démontré son ambition de voir la France occuper une place sur le podium mondial des technologies quantiques. Cet acte fondateur est une nouvelle satisfaisante, car derrière ce défi mondial, la question de la souveraineté numérique est en jeu. La bonne nouvelle, c’est que la France peut compter sur le savoir-faire de ses industriels pour préparer dès aujourd’hui la réalité de demain.

Par Marc Bertin, CTO du groupe IDEMIA

Mots de passe, codes de cartes bancaires, signatures numériques, dossiers médicaux, matériel militaire, véhicule autonome, ou encore communications électroniques… d’une manière générale, une faille de sécurité peut avoir de graves conséquences, non seulement pour les particuliers, mais aussi et surtout pour les entreprises et l’État qui traitent, chaque jour, des données sensibles.

La révolution quantique, dont l’existence a été révélée il y a plus de vingt ans, vient décupler ce risque. Imaginez un ordinateur permettant de déjouer les algorithmes en exploitant les systèmes quantiques pour trouver rapidement les clés secrètes, habituellement incassables. Il ne s’agit pas de fiction, mais d’une projection inévitable dans les années à venir, et à laquelle les industriels de la sécurité se préparent ardemment. L’ordinateur quantique viendra en effet perturber tout ce qui est aujourd’hui presque infaillible, notamment notre cryptographie actuelle. L’enjeu est de taille, car la cryptographie est au cœur de toute solution de sécurité : authentifier les données, les dispositifs et les utilisateurs, sécuriser les communications et les transactions (numériques), garantir le respect de la vie privée… toutes ces choses dont nous avons cruellement besoin dans le monde numérique dans lequel nous vivons.

Si l’expression « cryptographie post-quantique » a des allures d’expression futuriste, elle désigne pourtant une réalité bien concrète, derrière laquelle se joue la souveraineté nationale et le rayonnement de la France à travers le monde.

La nécessité d’installer la France sur le podium mondial

Les différents acteurs, au premier rang desquels les industriels, doivent anticiper cette transition vers de nouveaux protocoles de chiffrement dont les enjeux sont éminemment stratégiques. Il en va de la souveraineté technologique de la France. Le rapport rendu par la députée Paula Forteza à ce sujet pointe du doigt l’enjeu principal :

« Face à la rapidité et à l’incertitude de ces évolutions, seuls les pays qui auront osé prendre des risques trouveront une place dans ce nouveau tournant technologique et pourront donc garantir leur souveraineté. Il y a urgence à agir ».
Et demain se prépare dès aujourd’hui. Même si les ordinateurs quantiques ne sont pas dimensionnés pour menacer la cryptographie dans l’immédiat ou dans un avenir proche, la cryptographie post-quantique doit être conçue et construite dès à présent. La conception d’algorithmes sécurisés, leur normalisation, leur développement, leur déploiement à grande échelle peuvent prendre des années. Très concrètement, la technique consiste à intégrer dans une carte à puce traditionnelle, un algorithme post-quantique qui crée une signature infalsifiable et donc une authentification renforcée. Pour atteindre des performances acceptables pour ce type d’usage – paiement sans contact, passage aux frontières…-, la communauté de la sécurité doit travailler sur des optimisations à tous les niveaux : le logiciel (software) bien sûr, mais aussi le matériel (hardware).

S’agissant plus particulièrement des applications gouvernementales ou militaires, qui intéressent directement les États, les données cryptées d’aujourd’hui doivent pouvoir rester confidentielles pendant plusieurs décennies. Par conséquent, pour être en sécurité dans un avenir lointain, ces données sensibles doivent être protégées par des techniques de sécurité post-quantique dès que possible.

À l’heure où la crise sanitaire a mis en évidence la nécessité plus globale de réindustrialiser la France, il est important de rappeler qu’il existe aujourd’hui sur le territoire national des industriels disposant d’un savoir-faire technologique d’excellence, pleinement mobilisés et capables de répondre aux grands défis de demain.

Le discours de Saclay est l’acte fondateur d’une véritable ambition étatique pour laquelle les industriels français seront au rendez-vous.

Source : Cryptographie post-quantique  : le défi technologique français
Publié sur La Tribune le 12 mai 2021

Le développement des compétences en technologies quantiques

Lorsque l’on veut préparer le futur et se positionner sur un secteur industriel en devenir, on pense immédiatement aux programmes de soutien à la recherche, aux startups et aux entreprises établies. Dans le cas des technologies quantiques, le financement de la recherche sera encore plus fondamental qu’ailleurs car elles sont encore en pleine phase de maturation. En amont de tout cela, il est aussi impératif de créer et entretenir un bon vivier de compétences, lancées par de la formation initiale et ravivées par toutes les formes de formations continues.

Il existe plusieurs méthodes pour ce faire. On associe traditionnellement des formations diplômantes et celles qui aboutissent à un doctorat (PhD). Cela rend les efforts de formation supérieure quasiment indissociables des efforts dans la recherche. Pour cette raison, former plus de scientifiques dans le quantique requiert une augmentation proportionnée des budgets dans la recherche.

Il faut y ajouter la formation continue dans les entreprises ainsi que les nombreuses méthodes d’auto-formation qui se développent dans tous les champs scientifiques…

L’article complet : Le développement des compétences en technologies quantiques
Publié sur Opinions Libre le 25 février 2020