Le nouveau programme européen d’internet quantique a été lancé

La Quantum Internet Alliance a lancé un programme de sept ans, approuvé par la Commission européenne, visant à construire de manière collaborative et innovante un écosystème internet quantique « fabriqué en Europe ».

L’alliance, dirigée par l’université pionnière de l’internet quantique QuTech Delft, aux Pays-Bas, a annoncé vendredi 14 octobre 2022 son intention de développer le premier prototype de réseau complet au monde, capable de connecter des villes éloignées.

Le projet vise également à créer un écosystème capable de tirer parti des développements qui peuvent être transformés en solutions d’ingénierie innovantes.

L’internet quantique est une technologie de réseau qui pourrait profiter à différents secteurs, tels que l’industrie de la sécurité et des télécommunications ou le secteur financier.

Explications

« Nous aimerions construire un prototype de réseau quantique qui contient tous les éléments nécessaires pour passer à l’échelle du développement industriel d’un internet quantique européen capable d’apporter de la valeur aux utilisateurs de l’UE et au-delà », a déclaré Stephanie Wehner, directrice de la Quantum Internet Alliance.

Ce réseau a le potentiel de devenir le premier du monde en son genre

En fin de compte, l’objectif est de mettre l’internet quantique à la disposition de tout le monde. L’accent est donc mis sur l’accélération de la transition de la recherche à l’ingénierie, pour enfin mettre la technologie sur le marché.

Le deuxième objectif est de créer une plateforme pour l’innovation européenne en matière d’internet quantique qui puisse transformer ces avancées technologiques en innovations.

« Cela comprend, par exemple, le soutien aux entrepreneurs, la protection des connaissances, la constitution de talents dans divers domaines, le développement de cas d’utilisation, ainsi qu’un forum technologique pour rassembler les acteurs universitaires et industriels tout au long de la chaîne de valeur », selon Mme Wehner.

Cette approche écosystémique est destinée à être étendue à tous les États membres. L’accent mis sur une approche communautaire et interdisciplinaire est l’une des raisons pour lesquelles le QIA a été choisi pour ce financement, a déclaré un porte-parole de la Commission à EURACTIV.

Le budget de la première moitié du programme, qui débutera en octobre 2022 et durera 3 ans et demi, s’élève à 24 millions d’euros.

QIA est une équipe de 40 partenaires, dont des institutions universitaires, des opérateurs de télécommunications, des opérateurs de système et des start-up de technologie quantique à travers l’Europe. L’idée est que les expertises interdisciplinaires se complètent pour relever les différents défis qui accompagnent la construction d’un réseau quantique à grande échelle.

Ce programme s’inscrit dans une vision européenne plus large visant à faire progresser les technologies quantiques par une approche collaborative, la mise en commun des ressources étant considérée comme un avantage européen.

Le 4 octobre, la Commission a également annoncé que six sites en République tchèque, en Allemagne, en Espagne, en France, en Italie et en Pologne accueilleraient les « premiers ordinateurs quantiques européens ». Ceux-ci seront ouverts aux représentants de l’industrie et aux chercheurs universitaires de toute l’UE.

Selon la Commission, « ces nouveaux ordinateurs quantiques constituent un pas en avant pour atteindre les objectifs de la décennie numérique, à savoir disposer d’un premier ordinateur à accélération quantique d’ici 2025 et être à la pointe des capacités quantiques d’ici 2030 ».

Toutefois, aucun financement supplémentaire n’est prévu au niveau de l’UE pour les réseaux quantiques avancés permettant de connecter les utilisateurs sur des réseaux de fibre optique longue distance.

« Étant donné que des entreprises comme Amazon et Cisco ont récemment annoncé des efforts dans ce domaine, il sera très difficile pour nous de rester en tête sans un financement nettement plus important, comprenant également des bancs d’essai pour faire passer la technologie du laboratoire au monde réel », a souligné Mme Wehner.

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Le supercalculateur le plus rapide d’Europe est désormais connecté à un ordinateur quantique

La puissance de calcul fusionnée entre un supercalculateur et un petit ordinateur quantique peut notamment renforcer les performances de l’intelligence artificielle et la recherche sur les nouveaux matériaux.

La présentation

Connaissez-vous LUMI et HELMI ?

Il ne s’agit pas de personnages de dessin animé mais d’un duo inédit dans l’informatique moderne. LUMI est le supercalculateur le plus rapide d’Europe qui opère au centre de données CSC de Kajaani, en Finlande. HELMI est un ordinateur quantique de cinq qubits, lui aussi installé en Finlande et opérationnel depuis 2021. Ces deux machines sont désormais connectées. Cette configuration hybride est une première en Europe et l’une des rares à exister dans le monde.

L’un des problèmes actuels des ordinateurs quantiques est que les qubits qu’ils utilisent sont facilement perturbés, ce qui fausse les calculs. C’est pour cette raison qu’ils ont besoin d’être supervisés par des ordinateurs classiques. En d’autres termes, LUMI et HELMI unissent leurs forces de façon très complémentaire.

« La connexion réussie d’HELMI et de LUMI ouvre la voie à un avenir où les ordinateurs quantiques et les ordinateurs traditionnels à haute performance travailleront ensemble pour résoudre les problèmes les plus difficiles qu’aucun des deux ne peut résoudre seul » explique le Centre de Recherche Technique de Finlande (VTT) qui opère HELMI. Pour ce projet, le VTT s’est associé au Center for Science et à l’université d’Aalto au sein de la Finnish Quantum-Computing Infrastructure (FiQCI).

LUMI et HELMI seront accessibles aux chercheurs et universitaires

Une telle puissance de calcul fusionnée peut faire progresser l’intelligence artificielle en rendant les applications d’apprentissage automatique plus rapides et plus précises. Cela pourrait, par exemple, améliorer les prévisions météorologiques à court terme et en particulier la visibilité sur les orages, les trajectoires des ouragans et la propagation des tsunamis. « Ceci est lié à l’analyse en temps réel des données d’observation de la Terre provenant des satellites. À long terme, le traitement d’images de haute qualité pourrait, par exemple, détecter un feu de forêt naissant avant qu’il ne se propage de manière incontrôlée », poursuit le VTT.

Le travail conjoint des deux ordinateurs pourrait aussi bénéficier au développement de nouveaux matériaux en facilitant l’élaboration de structures moléculaires. Les industries chimiques et pharmaceutiques en bénéficieraient grandement, de même que le développement de nouveaux types de batteries. Dans le secteur financier, cela se traduirait par une précision accrue des transactions algorithmiques, avec à la clé de meilleures performances. Les université et les centres de recherche finlandais auront un accès à ce système pour conduire des expérimentations. Le VTT indique qu’il est actuellement en train de mettre au point un ordinateur quantique de 20 qubits et vise un passage à 50 qubits en 2024.

Article source : Le supercalculateur le plus rapide d’Europe est désormais connecté à un ordinateur quantique
Publié sur Science et Vie par Par Marc Zaffagni le 20 février 2023

Bruxelles refuse de collaborer avec le Royaume-Uni, Israël et la Suisse sur l’informatique quantique

Pour préserver sa propriété intellectuelle, la Commission refuserait de collaborer avec Israël, le Royaume-Uni et la Suisse sur des projets de recherche en informatique quantique. Certains États membres, l’Autriche et le Danemark en tête, s’inquiètent fortement de cette politique protectionniste qui risque d’empêcher l’Europe de combler son retard vis-à-vis des États-Unis et de la Chine.

 

Des États s’inquiètent

Or, certains États membres s’inquiètent de cette stratégie protectionniste. Ces tensions ont provoqué l’annulation par la Commission d’une réunion prévue le 19 avril 2021. Celle-ci était justement dédiée à la collaboration dans des domaines technologiques sensibles avec des pays tiers.

Cette réunion, qui rassemblait des représentants des 27 États membres, s’inscrivait dans le cadre d’Horizon Europe, le programme de recherche et d’innovation 2021-2027, doté d’un budget de 95,5 milliards d’euros. Elle a été reportée jusqu’à nouvel ordre, a précisé un diplomate à Politico.

Préserver la propriété intellectuelle

Le plan initial vise à empêcher le transfert de propriétés intellectuelles sensibles vers des pays tels que la Chine. Depuis 2019, l’UE et la Chine négocient un accord visant à renforcer la coopération bilatérale sur les projets de recherche et d’innovation.

Jusqu’à présent, cette collaboration s’est limitée à quelques domaines dans lesquels il y avait « un fort intérêt commun », tels que l’agriculture, la sécurité alimentaire et les biotechnologies, rapportait Politico fin mars dernier. Pour renforcer ces liens, la Commission demande à Pékin d’adhérer à une série de règles sur la propriété intellectuelle, l’éthique ou encore l’accès aux fonds de R&D.

Une collaboration est indispensable

Préoccupés par la politique bruxelloise, l’Autriche et le Danemark ont envoyé un courrier à Mariya Gabriel, la commissaire européenne en charge de l’innovation, la recherche, la culture, l’éducation et la jeunesse. Les deux pays y reconnaissent la nécessité de défendre les intérêts stratégiques européens mais soulignent la valeur de la collaboration avec des partenaires. Ils proposent donc que les entités non européennes ne soient exclues qu’au cas par cas et sur la base de justifications stratégiques spécifiques.

« Dans de nombreux cas, l’inclusion de partenaires de confiance est tout à fait dans notre propre intérêt, car ces partenaires sont à l’avant-garde dans d’importants domaines de R&I. Leur participation est essentielle pour les projets Horizon qui aideront à résoudre des défis majeurs », indique la lettre envoyée par le gouvernement danois. Son homologue autrichien craint que cette méfiance n’engendre des coûts « d’un point de vue de la diplomatie scientifique » et une perte d’attractivité de l’Europe car les pays exclus se tourneront vers d’autres partenaires.

L’Europe loin derrière les Etats-Unis et la Chine

Depuis quelques années, l’Union européenne tente d’accélérer sur le quantique. D’ici 2030, elle espère avoir son « premier ordinateur quantique de pointe ». Mais elle reste très loin derrière les États-Unis, qui comptent la majorité des leaders du secteurs tels qu’IBM, Google ou encore Microsoft, et la Chine.

La stratégie visant à se rapproche d’autres pays n’est donc pas une si mauvaise idée pour tenter de rattraper ce retard. Début mars, Israël annonçait une enveloppe de 60 millions de dollars injectée dans un projet visant à fabriquer un ordinateur quantique.

Article source : Bruxelles refuse de collaborer avec le Royaume-Uni, Israël et la Suisse sur l’informatique quantique
Publié sur L’Usine Digitale par Alice Vitard 22 avril 2021

Face aux USA et à la Chine, l’Union européenne veut un ordinateur quantique pour 2025

L’Union européenne a annoncé, mardi 9 mars 2021, vouloir créer un ordinateur quantique à l’horizon 2025 pour être « à la pointe des capacités quantiques » en 2030

 

L’Europe n’a pas l’intention de se laisser doubler, ni par les Etats-Unis, ni par la Chine. L’Union européenne a publié une feuille de route, visant à renforcer la puissance des pays membres dans le numérique. Il vise, outre un doublement de sa part de production des semi-conducteurs (pour atteindre 20 % de la production mondiale), la création d’un premier ordinateur quantique à l’horizon 2025, pour être « à la pointe des capacités quantiques » en 2030. De quoi réaffirmer la place de l’UE dans cette course, dans laquelle sont lancés une grande partie des pays développés.

L’ordinateur quantique n’est en rien un ordinateur classique et il y a peu de chance que l’on en ait chez soi : l’ordinateur quantique permet de réaliser des calculs en un temps réduit. Quand un ordinateur, aujourd’hui, est basé sur un langage binaire (avec des 1 et 0, que l’on appelle des bits), l’ordinateur quantique est lui conçu avec des bits superposés les uns sur les autres (on parle de bits quantiques, des qubits). Concrètement, quand un ordinateur fait un calcul, au lieu de faire chaque opération une à une, l’ordinateur quantique peut faire plein de calculs en même temps.

Les enjeux autour de l’ordinateur quantique sont importants et c’est pour cela que toutes les puissances mondiales se sont lancées dans cette course. Sa rapidité de calcul pourrait être utile pour l’intelligence artificielle, pour la gestion et la recherche sur les marchés financiers, pour des prévisions météorologiques plus fiables avec une prise en compte de davantage de données, ou pour faire une recherche ultrarapide dans une base de millions voire milliards de données.

L’Union européenne a investi 1 milliard d’euros

Dans sa feuille de route, présentée ce mardi, l’Union européenne ne dit pas autre chose : « La révolution quantique de la prochaine décennie changera la donne dans l’émergence et l’utilisation de technologies numériques », écrit l’institution. Et de détailler quelques usages possibles (parmi ceux que l’on peut aujourd’hui identifier) : mener des essais virtuels de médicaments, augmenter la sécurité des communications (avec un cryptage plus sophistiqué), faciliter la surveillance des phénomènes naturels ou encore aider à la résolution de problème logistique.

L’idée n’est pas nouvelle en Union européenne. La Commission européenne avait voté, en novembre 2018, un plan d’investissement de 1 milliard d’euros pour soutenir la recherche sur la science quantique et la conception d’un ordinateur quantique. Mais tous les grands pays – début mars, Bloomberg rapportait qu’Israël avait investi 60 millions de dollars pour la fabrication d’un ordinateur quantique – sont aussi dans la course, largement devancés par la Chine et les Etats-Unis, avec des géants du numérique efficaces. En octobre 2019, Google avait annoncé avoir atteint la « suprématie quantique ». À l’image des télécommunications, l’idée de cette course pour chaque état est d’être indépendant sans être en retard.

Des ordinateurs quantiques existent déjà aujourd’hui, mais ils n’ont pas assez de qubits pour être efficaces et n’ont pas toujours une conception très stable. Chacun cherche alors les meilleures façons pour en augmenter le nombre et donc les capacités, tous les chercheurs n’étant pas encore d’accord sur la façon de concevoir le processeur quantique et la méthode à utiliser pour isoler et utiliser atomes, photons et molécules, essentiels au quantique. « Aucun consensus ni aucun argumentaire robuste n’existent aujourd’hui sur la solution la plus adaptée pour réaliser un ordinateur quantique comprenant plus d’une dizaine de qubits », rappelle sur son site le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives.

De quoi laisser une chance à l’Union européenne ?

Un peu d’histoire : Anticythère

 

Considéré comme le premier ordinateur analogique au monde, le mécanisme d’Anticythère viendrait d’être percé à jour par les chercheurs d’une université britannique.

 

Depuis plus d’un siècle, les chercheurs tentent de résoudre le mystère du mécanisme d’Anticythère. Découverte en 1901 par des plongeurs au large des côtes crétoises, le mécanisme est aujourd’hui considéré comme le tout premier ordinateur analogique du monde. Évidemment, pas de circuit imprimé ni de système d’exploitation au programme, mais plusieurs dizaines d’engrenages dentés, capables de calculer les positions astronomiques. Conçu il y a plus de 2000 ans, ce super-calculateur analogique antique pourrait enfin avoir été percé à jour, rapporte le site de The Guardian. En effet, des scientifiques de la London’s Global University  affirment cette semaine avoir réussi à déchiffrer — du moins en partie, l’étonnant objet.

Après avoir construit une réplique fonctionnelle de la machine d’Anticythère en utilisant les moyens modernes, puis ceux de l’époque antique, les chercheurs en charge de l’enquête révèlent avoir réussi à mieux appréhender le mécanisme. En combinant la méthode mathématique décrite par le philosophe grec Parménide aux travaux de l’ancien conservateur du London Sciences Museum Michael Wright, les chercheurs ont ainsi pu reproduire les calculs du mécanisme, et compléter ses parties manquantes. Ce dernier était à l’époque capable de prédire les mouvements du Soleil, de la Lune et des planètes connues des scientifiques antiques, à savoir Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne. Un bijou d’ingénierie, dont il n’existe pour le moment aucun autre exemplaire dans le monde. Pour les scientifiques en charge de l’enquête, il s’agit encore de déterminer si l’objet singulier était un jouet, un outil de mesure ou une simple illustration pédagogique.